Incendie du toit en 1935

Prison maritime de Pontaniou

L’incendie du 6 juillet 1935

Titre de la Dépêche de Brest, le 7 juillet 1935

Titre de la Dépêche de Brest, le 7 juillet 1935.

Depuis plusieurs semaines, l’entreprise Merdy, procède à la réfection complète de la toiture à quatre pans de la prison maritime de Pontaniou[1]. Comme nous le montrent les photographies de la prison, le troisième étage occupait l’emplacement de la toiture : des fenêtres avaient été créé dans la toiture au XIXe siècle, permettant d’aménager les combles.

L’espace était divisés en appartements pour les gardiens : de deux surveillants et  leurs familles y habitent. On stockait du matériel de literie et les affaires des prisonniers. De l’étoupe[2] était stockée dans une pièce.

13 heures.

Il restait à l’entreprise une semaine pour achever le chantier. Après la pause déjeuner, à 13 h, un couvreur découvre dans une pièce des combles une fumée, émanant d’un stock d’étoupe. L’alarme donnée, les surveillants pénitentiaires essaient d’éteindre le feu à l’aide d’extincteurs. Les manches à incendie sont déroulées et le surveillant-chef de la prison, le maître principal Gallais, alerte la majorité générale.

Extrait de la Dépêche de Brest, du 7 juillet 1935 : « Le feu à la prison de Pontaniou », page 3

L’alerte

Les services « incendie » sont prévenus dans les dix minutes après la découverte. Une fumée intense a déjà empli les combles et des flammes jaillissent du toit. Déjà une foule nombreuse envahit les rues Ozanne et Pontaniou. Les autorités militaires du port se rendent sur place.

13 h 20.

À 13 h 20, les autopompes de la Marine sont sur place. On déploie la grande échelle pour pouvoir asperger le toit. Mais la pression est insuffisante.

Les piquets d’incendie de l’arsenal, les militaires du 2e dépôt et la gendarmerie maritime arrivent sur site.

Par les fenêtres des mansardes, on évacue à la hâte des matelas, hamacs, les sacs des prisonniers, les linges, qui y sont entreposés. Les pompiers essaient de sauver le maximum d’objets et de linge. Deux canonnières viennent se placer dans l’un des bassins de Pontaniou et permettent d’alimenter les lances à incendie.

13 h 30.

Les pompiers de la ville arrivent en renfort : ils peuvent se ravitailler à la bouche d’incendie de la rue Saint-Malo, grâce à deux cents mètres de tuyaux. Après deux heures d’arrosage, l’incendie est circonscrit.

À 16 h 15, le dispositif est levé.

Les prisonniers sont évacués

Ils se trouvent dans les ateliers de la prison, où le travail  vient de reprendre (cardage de l’étoupe, rempaillage et vernissage de chaises, confection de brosses). Les 51 prisonniers sont amenés dans la cour, gardés par les surveillants et les marins. Ce sont des prisonniers condamnés à des peines légères, inférieures à deux mois, ou des punis disciplinaires. Ils n’ont aucun intérêt à essayer de s’enfuir ; le quartier est cependant bouclé par la gendarmerie maritime. Les marins punis (une trentaine) rejoignent le 2e dépôt voisin. Les autres restent aux étages de la prison, qui n’ont pas été touchés par l’incendie.

La reconstruction du troisième étage

Il faut démolir la charpente, les planchers, refaire la toiture. Le chantier est très important et il est décidé de créer un véritable troisième étage, surmonté de combles[3].

Les corniches, les souches de cheminées sont déposées. Puis on démolit le mur, afin d’abaisser le niveau du plancher. De nouveaux murs sont construits, englobant les fenêtres, et deux pignons sont érigés en façades nord et sud du bâtiment. Afin de se prémunir contre de nouveaux incendies, le plancher des combles est constitué d’hourdis en béton armé et une charpente métallique remplace la vieille charpente de bois.

La toiture est en ardoises, et les souches de cheminée sont réhaussées de 1,50 m. les pignons sont percés de châssis ouvrant afin d’apporter la lumière dans les combles.

Les enduits extérieurs sont exécutés au mortier de ciment. Les enduits intérieurs du troisième étage sont en plâtre dans tous les locaux.

L’aspect des appartements reste minimaliste : les plafonds sont bruts de décoffrage. De même des pierres factices sont installées au niveau des entourages de fenêtres, à l’encoignure et aux appuis des murs.

L’entreprise Corre et Fouchard obtient le marché en décembre 1935 et doit réaliser les travaux dans un délai de quatre mois.

Les appartements sont très petits et peu fonctionnels. trois appartements de trois pièces (correspondant à trois ouvertures, d’une superficie de 50 m2. En 1942-1943, des cellules sont aménagées à l’étage, une chapelle et une sacristie complètent l’étage. Les surveillants français ont été évacués, remplacés par des Allemands.

La prison prend sa physionomie actuelle en 1936. Il faut attendre la réfection de la toiture dans les années 1960, pour remplacer les ardoises par du fibrociment, actant une dégradation en qualité du bâtiment, commencée avec l’incendie de 1935.

Les sources principales :

Le quotidien La Dépêche de Brest, 7 juillet 1935.

Le Service historique de la défense, site de Brest :

Notamment les dossiers 2 K 4 (1935), (1942-1943), 3 O, domanialité A3 (1943 – 1952), dont plans (1943) et remise par le département de la Marine à celui de la Justice de la prison maritime de Pontaniou, 25 juillet 1952.


[1] Service historique de la défense, Brest, (SHD) dossier 2 K 4/ 15..

[2] Cette étoupe était le résultat du travail des détenus, qui réduisaient en charpie les pièces de cordage. L’étoupe servait ensuite à calfater la coque des navires en bois.

[3] SHD, dossier 2 K 4/ 16.

Documents Brest Métropole

En 2018, La métropole cède la prison de Pontaniou au groupe François Ier qui entend en faire des appartements haut de gamme. Ce projet n’aboutit finalement pas.

Délibérations 25/05/2018.

Création AVAP 28/06/2019 (Aire de mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine)

Documents AVAP : diagnostic architectural, urbain et paysager, inventaire des bâtiments remarquables, inventaire des espaces urbains et paysagers d’intérêt patrimonial, carte.

Dénonciation du compromis BMO/François Ier.

Le bâtiment aux lions

A l’origine, le vallon de Pontaniou était ouvert sur la Penfeld. Mais avec les besoins grandissants de l’arsenal, des travaux ont été entrepris pour “fermer” le vallon et permettre une meilleure circulation des ouvriers sur leurs lieux de travail : c’est l’édification de la levée de Pontaniou et du bâtiment aux lions (1807-1809).

Conçut par Tarbé de Vauxclairs, l’édifice fut construit, comme la prison de Pontaniou, par Jean-Nicolas Trouille.

Propriété de la Marine nationale et classé aux Moniments historiques en 2011, ce bâtiment servait de lieu de stockage. Il tient son nom des 10 têtes de lions qui ornent sa façade et bénéficiée d’une restauration depuis 2015.

Crédit photo : Ph Saget – Sous licence Creative Commons 2019-12-01